Sábado 19 Jun 2010, 13h:57
Jeu 17 juin – Ariel Pink's Haunted Graffiti
Il y a donc un bon dieu pour les fans d'Ariel Pink et les apôtres du beau football. Nous avons cherché en vain l'emplacement du Venetie Bar pendant plus d'une heure, harassés par des kilomètres de battue infructueuse le long de lignes de tramway, en dessous de ponts surplombant le périph' anversois et même dans un immense parc public. Cela peut paraitre saugrenu de chercher un bar sous un pont ou dans un parc urbain, mais nous n'avons fait que suivre les instructions d'autochtones qui malgré leur bonne volonté ne nous ont pas beaucoup aidés à trouver les clés de la boite de Pandore.
Nous étions donc fourbus et résignés à aller boire un verre dans un endroit lambda histoire de ne pas avoir fait le déplacement pour rien, lorsque, par le plus grand des hasards, nous tombâmes sur le lieu sacré, notre automobile ayant été sans doute guidé par un fluide invisible mais oh combien salvateur. Parce que certes, on en a bavé, mais la récompense fut à la hauteur de la souffrance endurée par cette traversée du désert (après tout, tout se mérite): on rentre dans le bar, constate que le concert n'a pas encore démarré (premier ouf de soulagement), et, divine surprise, que le Mexique mène 1-0 contre une équipe de joueurs d'athlétisme tout de bleu vêtus.
Le temps pour Blanco de transformer le penalty synonyme de défaite assurée pour l'équipe honnie, d'aller chercher des bières au comptoir pour fêter ça, et nous voilà dans l'antre du Venetie Bar: une arrière salle avec des banquettes le long des murs et une scène surélevée tout au fond. Typique de la salle de baloche des années septante. Donc, le lieu idéal pour que s'exprime le sens très particulier de la fête du Haunted Graffiti. Troisième fois qu'on assiste à l'un de leurs concerts en treize mois, et force est de constater que le groupe a encore gagné en consistance ces dernières semaines, peut-être galvanisé par la grande réussite de la sortie de l'album Before Today.
Le nouveau guitariste est plus discret et moins virtuose que le précédent, mais joue propre et net. On sent le gars d'expérience, fiable, sûr. Il fluidifie l'ensemble, apporte la dernière touche à un groupe déjà bien rôdé prêt à conquérir le monde. Mais Ariel Pink, qui prend le soin de descendre de scène au milieu du premier morceau pour aller demander au gars qui gère la console de monter le delay dans son micro, n'est pas du genre à se vautrer dans la facilité: maintenant qu'il fait face (enfin) à un public qui connait (un peu) son répertoire, il prend son monde à contrepied en ne jouant que des vieux morceaux en début de set: Flying Circles, Don't Think Twice, Jules Lost His Jewells et Gettin' High in The Morning, seulement entrecoupés par Bright Lit Blue Skies, et son très énergique enchainement couplet-refrain piqué à The Rising Storm.
La suite est plus prévisible, avec un savoureux mélange de titres du dernier album (Round & Round, Little Wig, L'Estat…) entrecoupés des indécrottables classiques du répertoire (For Kate i Wait, Among Dreams…). Point d'orgue: une interprétation du génial Strange Fires réarrangé et dépoussiéré. Un petit Flashback en rappel pour finir, et retour à la case départ, à travers les méandres urbains de la grande ville portuaire belge. Bilan: un concert du Haunted Graffiti un soir de déconvenue de l'équipe de France de foot: quel pied.